Pour comprendre comment l'immanentisme pouvait coloniser le monde avec les États-Unis ou l'Australie et comment il ne peut plus aujourd'hui, avec l'Afrique du Sud, mais surtout avec Israël, il faut déceler que l'immanentisme s'effondre et que sa puissance de réalisation perd en acuité et en efficacité.
Rappelons que les États-Unis sont l'exemple emblématique de la destruction des autochtones et de l'Ancien monde. Bien entendu, l'Australie peut aussi être prise comme exemple - et d'autres pays avec. A chaque fois, le processus est identique. Il s'agit d'éradiquer les peuples les plus anciens, ceux qui sont les plus étrangers à la technique et à l'immanentisme.
A chaque fois, cette colonisation d'un genre si particulier est réalisée sous pavillon anglo-saxon. C'est le cas pour les États-Unis et c'est le cas pour l'Australie, mais aussi pour tant de pays du Commonwealth. Si bien que l'Empire britannique exprime la colonisation immanentiste parce que les méthodes coloniales britanniques sont bien plus claires et efficaces que les méthodes françaises.
La France se débat dans un système colonial hypocrite, selon lequel la colonisation est une entreprise progressiste. Il suffit de renvoyer aux écrits de Jaurès ou auparavant de Jules Ferry pour comprendre que le projet colonial est porté par les élites socialistes et progressistes de l'époque. Une nouvelle fois, le progressisme immanentiste sert à entériner les mesures que les conservateurs n'auraient pu proposer.
L'Empire britannique au moins affiche clairement la couleur : l'anglicisation du monde, dont le signe le plus clair réside dans l'omniprésence appauvrissante de l'anglais international et commercial, signifie l'explicite colonisation du monde par l'immanentisme. Explicite : car cette colonisation est économique et commerciale. Son stade terminal dans le délitement finit avec le financier comme paradigme destructeur de l'économique.
Que l'économique soit le dessein de cette colonisation est nouveau. Auparavant, la colonisation était politique, puisque la colonisation était transcendantale. Désormais, la colonisation sera économique, puisque l'immanentisme pousse à opérer la reconnaissance ontologique dans le domaine de l'immédiat et du fini pur.
Le changement du projet colonial va de pair avec l'extermination des populations colonisées. C'est logique : car le colonialisme transcendantal n'allait pas sans massacre et oppressions retentissantes, mais il était compatible avec le reél préexistant. Alors que le projet de colonisation immanentiste implique nécessairement que le reél préexistant soit remplacé puisqu'il ne correspond pas avec les desseins de l'Hyperreél.
Dès le départ, le destin de l'Hyperréel est inscrit dans sa charte : il est condamné à disparaître, au prix d'un immense châtiment. Nous assistons en nos jours sombres et tragiques à la faillite tous azimuts de ce système gangréné et non viable. Les tenants du système s'agitent et font de leur mieux pour tenter de sauver les meubles, mais leurs agissements n'aboutissent ironiquement qu'à accélérer le processus de destruction interne.
Tel est le cas des guerres au Caucase, en Irak, mais aussi du symbolique et éclatant 911, qui aura été intenté comme symbole pour sauver le système, alors qu'il sera l'emblème future de l'incroyable corruption morale du système. Il n'est pas étonnant qu'Israël ne parvienne plus à opérer ce que les États-Unis avaient réussi à instaurer.
L'éradication des Palestiniens autochtones n'est plus possible, alors que celle des Indiens l'avait été. Pourquoi? Serait-ce parce que les Israéliens appliquent une politique intrinsèquement morale, notamment explicable par la Shoah? Cette galéjade est sinistre et il est déshonorant pour un Finkielkraut en France d'avoir soutenu peu ou prou de pareilles fariboles : outre que le traitement des Palestiniens relève du crime caractérisé, l'histoire contemporaine permet d'apprendre au prix de quels massacres et autres crimes la création d'Israël en période de décolonisation a pu avoir lieu.
Justement, on peut appliquer aux méthodes israéliennes le même regard qu'à la décolonisation. La décolonisation était dans l'esprit des colons occidentaux une ruse sardonique et géniale pour en toute impunité remplacer la colonisation politique caduque par une autre forme de colonisation, économique, sensée se révéler pérenne. Mais la décolonisation révèle bel et bien que dans son appellation même le projet de décolonisation immanentiste a commencé.
Israël intervient dans ce processus de décolonisation, comme les États-Unis étaient intervenus dans le processus de colonisation. Dès lors, les arguments moraux sont le signe de la faiblesse évidentes de l'immanentisme. Prétendre que c'est au nom de la morale qu'Israël intervient de la sorte, qu'il ménage les Palestiniens, n'est pas seulement une déclaration crapuleuse et immorale. Elle camoufle surtout le fait que l'immanentisme se trouve en situation de faiblesse avancée et qu'il n'est plus en mesure de réussir en terre israélo-palestinienne l'entreprise d'éradication coloniale qu'il avait réussie en terre américano-indienne.
L'invocation de l'argument moral ne tient pas la route. La morale n'a jamais fonctionné dans les strates politiques parce que son fondement se situe hors du réel fini. Pour se montrer moral, il faut nécessairement situer la valeur des valeurs hors du fini. C'est impossible d'un point de vue politique. De surcroît, la morale immanentiste est très simple à comprendre : c'est le pur rapport de force, car à partir du moment où la morale et appliquée au fini, elle opère une mutation de sa définition. Le Bien équivaut à la domination.
Finalement, le discours de W. n'était pas seulement aberrant. Ceux qui lui ont soufflé ses pensées, un Sharansky par exemple, dont le parcours entre URSS et Israël est édifiant, ont révélé la structure profondément immanentiste et dégénéré de leur fonctionnement mental. Invoquer la Croisade du Bien contre le Mal n'est pas seulement d'une stupidité sans nom. C'est également le signe irréfutable que c'est la morale immanentiste qui est à l'ouvrage dans le 911 et ses terribles conséquences guerrières et que le traitement infligé aux Palestiniens par les Israéliens n'est pas seulement atroce ou injustifiable.
Il est aussi à l'unisson de la réussite de la guerre en Irak : la dérobade, l'échec, la faiblesse, l'impuissance. Signes incompréhensibles quand on s'avise des moyens inégalés dont jouissent les Occidentaux immanentistes dans leur lutte contre les populations autochtones. Mais signe également parfaitement attendu. Car l'Hyperreél s'essouffle dans sa lutte contre le reél et utilise la technologie la plus sophistiquée pour un objectif inatteignable : non plus éradiquer les populations, mais les convaincre du bien-fondé de l'entreprise d'éradication à leur endroit.
Quand je croiserai le Premier ministre israélien, je penserai à lui suggérer de fonder une journée spéciale pour que les Palestiniens remercient leurs bienfaiteurs israéliens du traitement de faveur dont ils les gratifient depuis soixante ans et qui ne cessera de croître dans les années à venir. On pourrait confier à un BHL en France, à un Zunes aux États-Unis, l'organisation de cette manifestation capitale et caritative. En effet, étant parfaitement hypocrite, elle ne sert à rien.
Rappelons que les États-Unis sont l'exemple emblématique de la destruction des autochtones et de l'Ancien monde. Bien entendu, l'Australie peut aussi être prise comme exemple - et d'autres pays avec. A chaque fois, le processus est identique. Il s'agit d'éradiquer les peuples les plus anciens, ceux qui sont les plus étrangers à la technique et à l'immanentisme.
A chaque fois, cette colonisation d'un genre si particulier est réalisée sous pavillon anglo-saxon. C'est le cas pour les États-Unis et c'est le cas pour l'Australie, mais aussi pour tant de pays du Commonwealth. Si bien que l'Empire britannique exprime la colonisation immanentiste parce que les méthodes coloniales britanniques sont bien plus claires et efficaces que les méthodes françaises.
La France se débat dans un système colonial hypocrite, selon lequel la colonisation est une entreprise progressiste. Il suffit de renvoyer aux écrits de Jaurès ou auparavant de Jules Ferry pour comprendre que le projet colonial est porté par les élites socialistes et progressistes de l'époque. Une nouvelle fois, le progressisme immanentiste sert à entériner les mesures que les conservateurs n'auraient pu proposer.
L'Empire britannique au moins affiche clairement la couleur : l'anglicisation du monde, dont le signe le plus clair réside dans l'omniprésence appauvrissante de l'anglais international et commercial, signifie l'explicite colonisation du monde par l'immanentisme. Explicite : car cette colonisation est économique et commerciale. Son stade terminal dans le délitement finit avec le financier comme paradigme destructeur de l'économique.
Que l'économique soit le dessein de cette colonisation est nouveau. Auparavant, la colonisation était politique, puisque la colonisation était transcendantale. Désormais, la colonisation sera économique, puisque l'immanentisme pousse à opérer la reconnaissance ontologique dans le domaine de l'immédiat et du fini pur.
Le changement du projet colonial va de pair avec l'extermination des populations colonisées. C'est logique : car le colonialisme transcendantal n'allait pas sans massacre et oppressions retentissantes, mais il était compatible avec le reél préexistant. Alors que le projet de colonisation immanentiste implique nécessairement que le reél préexistant soit remplacé puisqu'il ne correspond pas avec les desseins de l'Hyperreél.
Dès le départ, le destin de l'Hyperréel est inscrit dans sa charte : il est condamné à disparaître, au prix d'un immense châtiment. Nous assistons en nos jours sombres et tragiques à la faillite tous azimuts de ce système gangréné et non viable. Les tenants du système s'agitent et font de leur mieux pour tenter de sauver les meubles, mais leurs agissements n'aboutissent ironiquement qu'à accélérer le processus de destruction interne.
Tel est le cas des guerres au Caucase, en Irak, mais aussi du symbolique et éclatant 911, qui aura été intenté comme symbole pour sauver le système, alors qu'il sera l'emblème future de l'incroyable corruption morale du système. Il n'est pas étonnant qu'Israël ne parvienne plus à opérer ce que les États-Unis avaient réussi à instaurer.
L'éradication des Palestiniens autochtones n'est plus possible, alors que celle des Indiens l'avait été. Pourquoi? Serait-ce parce que les Israéliens appliquent une politique intrinsèquement morale, notamment explicable par la Shoah? Cette galéjade est sinistre et il est déshonorant pour un Finkielkraut en France d'avoir soutenu peu ou prou de pareilles fariboles : outre que le traitement des Palestiniens relève du crime caractérisé, l'histoire contemporaine permet d'apprendre au prix de quels massacres et autres crimes la création d'Israël en période de décolonisation a pu avoir lieu.
Justement, on peut appliquer aux méthodes israéliennes le même regard qu'à la décolonisation. La décolonisation était dans l'esprit des colons occidentaux une ruse sardonique et géniale pour en toute impunité remplacer la colonisation politique caduque par une autre forme de colonisation, économique, sensée se révéler pérenne. Mais la décolonisation révèle bel et bien que dans son appellation même le projet de décolonisation immanentiste a commencé.
Israël intervient dans ce processus de décolonisation, comme les États-Unis étaient intervenus dans le processus de colonisation. Dès lors, les arguments moraux sont le signe de la faiblesse évidentes de l'immanentisme. Prétendre que c'est au nom de la morale qu'Israël intervient de la sorte, qu'il ménage les Palestiniens, n'est pas seulement une déclaration crapuleuse et immorale. Elle camoufle surtout le fait que l'immanentisme se trouve en situation de faiblesse avancée et qu'il n'est plus en mesure de réussir en terre israélo-palestinienne l'entreprise d'éradication coloniale qu'il avait réussie en terre américano-indienne.
L'invocation de l'argument moral ne tient pas la route. La morale n'a jamais fonctionné dans les strates politiques parce que son fondement se situe hors du réel fini. Pour se montrer moral, il faut nécessairement situer la valeur des valeurs hors du fini. C'est impossible d'un point de vue politique. De surcroît, la morale immanentiste est très simple à comprendre : c'est le pur rapport de force, car à partir du moment où la morale et appliquée au fini, elle opère une mutation de sa définition. Le Bien équivaut à la domination.
Finalement, le discours de W. n'était pas seulement aberrant. Ceux qui lui ont soufflé ses pensées, un Sharansky par exemple, dont le parcours entre URSS et Israël est édifiant, ont révélé la structure profondément immanentiste et dégénéré de leur fonctionnement mental. Invoquer la Croisade du Bien contre le Mal n'est pas seulement d'une stupidité sans nom. C'est également le signe irréfutable que c'est la morale immanentiste qui est à l'ouvrage dans le 911 et ses terribles conséquences guerrières et que le traitement infligé aux Palestiniens par les Israéliens n'est pas seulement atroce ou injustifiable.
Il est aussi à l'unisson de la réussite de la guerre en Irak : la dérobade, l'échec, la faiblesse, l'impuissance. Signes incompréhensibles quand on s'avise des moyens inégalés dont jouissent les Occidentaux immanentistes dans leur lutte contre les populations autochtones. Mais signe également parfaitement attendu. Car l'Hyperreél s'essouffle dans sa lutte contre le reél et utilise la technologie la plus sophistiquée pour un objectif inatteignable : non plus éradiquer les populations, mais les convaincre du bien-fondé de l'entreprise d'éradication à leur endroit.
Quand je croiserai le Premier ministre israélien, je penserai à lui suggérer de fonder une journée spéciale pour que les Palestiniens remercient leurs bienfaiteurs israéliens du traitement de faveur dont ils les gratifient depuis soixante ans et qui ne cessera de croître dans les années à venir. On pourrait confier à un BHL en France, à un Zunes aux États-Unis, l'organisation de cette manifestation capitale et caritative. En effet, étant parfaitement hypocrite, elle ne sert à rien.
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