lundi 25 août 2008

La preuve par fuite

Souvent, des voix systémiques s'enquièrent de la méthode qui remettrait en question la version officielle, distillée s'il vous plaît par le pouvoir et les médias, à longueur de temps et de journées. C'est bien beau, horrible canaille, de contester les sources du pouvoir et des médias, mais - quelle validité pour vos sources? Ou encore : vous dites que tout est faux, mais comment faites-vous alors pour trouver ce qui est juste au milieu du faux? Cette question est très nettement orientée et de mauvaise foi.
Dans ces questions surgit une angoisse, l'angoisse : il est plus confortable de croire que ce que disent les médias est vrai et que la version officielle est vraie. Et puis, de temps en temps, un scandale retentissant vient rappeler que si scandale il y a, il est la preuve de l'honnêteté à rebours des médias. Si les médias n'étaient pas honnêtes, pas de scandale en vue! Chic planète!
Pour commencer, il ne s'agit pas de choisir avec arrogance et partialité les informations accommodantes. Ce n'est pas la mauvaise foi qui meut la contestation du système. L'exemple du 911 est éclairant, car le 911 exprime le paroxysme de la mauvaise foi et du vrai jeu auquel se livrent les médias. Si l'on suit le 911, l'on comprend quel est le système et qui est le médium des médias.
Dans le cadre de l'enquête sur le 911, un véritable journaliste d'investigation américain, Paul Thompson, s'est livré à une liste exhaustive de toutes les informations touchant au 911 à partir d'un maximum d'articles de presse. Le résultat, édifiant, laisse apparaître une vision d'ensemble sensiblement différente à la version proposée par les instances officielles, médias comme institutions. C'est la preuve que la version officielle est une sélection aberrante de tous les faits afin de proposer une représentation arrangeante d'un fait qui ne l'est nullement.
Le 911 est bien le surgissement de l'immanentisme dégénéré et pourri en ce qu'il exprime la velléité avortée de l'Hyperréel de proposer une version qui prendrait sa place avec usure et bénéfice. Le déficit ontologique est accablant. Ce qui importe ici aussi, c'est que la méthode pour comprendre le 911 est limpide. Il ne s'agit pas de croire crédulement à la version officielle; pas davantage que de sombrer dans un relativisme absolu et postmoderne, selon lequel il n'existe plus ni vérité, ni faits.
Au fond, cette représentation ontologique postmoderne arrangerait les tenants de l'occidentalisme, pas seulement les instigateurs du 911 mais toux ceux qui ont intérêt à défendre le système, et Dieu sait que la majorité silencieuse et consternante compose les rangs des populations occidentales. En fait, le relativisme tend à évacuer le réel aux oubliettes quand il s'agit tout bonnement de rétablir le réel en tenant compte des éléments occultés ou déniés. Comment savoir si ce qui est occulté ne relève pas de l'intoxication et de la mystification?
En vérifiant ses sources, tout bonnement! De la même manière qu'il est aisé de cerner les aspects de la version officielle qui clochent, il est très facile de savoir ce qui est certain, ce qui est incertain et ce qui relève carrément de la fabulation et de l'endoctrinement en matière de faits.
- Quand une information est étayée par plusieurs sources recoupées, elle est à prendre en considération, surtout si elle vient battre en brèche la version officielle.
- Il existe une autre variante, selon laquelle la version officielle ignore le réel qui la dérange ou la conteste.
- Enfin, troisième configuration : quand le réel, tout seul comme un grand, se charge de mettre la version officielle au pas, parce que les éléments et interprétations qu'elle propose sont simplement incroyables ou aberrants.
Récapitulons quelle est la méthode pour discerner le vrai du faux. Non pas une méthode parfaite et irréfutable qui bannirait l'erreur et l'incertitude. Il est impossible de parvenir à la certitude inébranlable, même si souvent on peut en approcher. Par contre, il est possible de savoir ce qui est juste et ce qui est faux. Il suffit pour ce faire de recouper les représentations avec le réel. A défaut d'éléments réels, il suffit de recouper les sources disponibles directes pour se faire au moins sa propre opinion.
Il est tout à fait possible de définir avec précision les caractères d'une remise en question de la version officielle. Je partirai de l'exemple le plus sidérant, le 911 :

1) omission d'une information.
C'est l'élément le plus important et le plus visible.
Le rapport de la Commission 2004 portant sur le 911 n'aborde tout simplement pas la question de l'effondrement ahurissant du WTC 7 parce qu'il est impossible d'en rendre compte en l'intégrant aux postulats de la version officielle.

2) informations faisant apparaître la non concordance entre le réel et la version officielle.
C'est le noeud gordien du rapport entre la représentation et le réel.
Il est très facile de comprendre que la culpabilité d'Oussama dans le 911 vole en éclat si l'on s'avise qu'aucune instance américaine n'a procédé à l'inculpation du soi-disant terroriste en chef, responsable de crimes abominables, dont le 911 n'est que l'acmé la plus visible. Pis, selon le grand reporter Labévière de RFI, mais aussi entre autres Le Figaro et CBS, Oussama était soigné dans un hôpital militaire américain de Dubaï en juillet 2001, où il reçut la visite du correspondant local de la CIA, depuis rappelé en poste aux États-Unis.
Dans le cadre du 911, on pourrait multiplier les exemples de non concordance explicite.

3) informations invérifiables, même si la méthode factuelle est utilisée avec scrupule.
En se renseignant, on est incapable de déterminer avec certitude si Oussama est encore en vie ou non. Certains éléments probants laissent à penser que ce n'est pas le cas, mais aucun élément ne permet avec certitude d'affirmer qu'Oussama est décédé des suites de sa maladie rénale - par exemple.
D'une manière générale, il est intéressant que dans un dossier comme le 911, l'essentiel des éléments ressortissent du domaine de la décidabilité, comme si le réel présentait une structure tellement puissante qu'elle permettait au final de parvenir à une décision. Quels que soient les efforts de la représentation, celle-ci ne parvient jamais qu'à fausser provisoirement le réel, au prix de moyens fort puissants et fort dérisoires, du coup. C'est dire que la toute-puissance de la représentation est une gageure et qu'il est impossible pour n'importe quel observateur de falsifier durablement un élément réel. A fortiori cette remarque vaut quand le fait en question est un fait officiel et universellement connu, comme c'est le cas du 911, et comme c'est le cas de la plupart des évènements depuis la médiatisation de la société, soit des faits et gestes les plus anodins et privés.
Comment expliquer cette toute-puissance du réel et cette impuissance de la représentation, aussi puissante soit-elle, à supplanter le réel? Tout simplement parce que la pluralité et la multiplicité variées des points de vue empêchent que la représentation sombre dans l'autisme et l'univocité d'un seul point de vue. Il est rigoureusement impossible du fait de l'ensemble des représentations de rendre leurs points de vue réels, ce qui implique de manière connexe qu'il est rigoureusement impossible pour un complot, au sens étymologique du terme, de réussir dans ses attentes programmatiques. Voilà qui n'empêche nullement les comploteurs de tenter leur chance, un peu comme les joueurs du loto, et avec un coefficient de réussite encore plus nul, puisque totalement nul. Mais c'est que la tentation de faire le réel, ou de le remplacer, est plus forte que la connaissance de la vanité de son entreprise et de son échec inévitable et prévisible.

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