mardi 5 août 2008

La pieuvre

Dans le monde immanentiste, on exige des preuves bien particulières : pour que la preuve soit irréfutable, pour que le factuel soit entériné, le travail du journaliste n'est pas seulement de chercher des preuves, encore faut-il que les preuves soient particulièrement visibles. On sait que la doctrine immanentiste consiste à présenter un monde transparent et parfaitement visible - de l'extérieur. Selon cette doctrine, on comprend le statut étrange de la preuve : elle ne saurait comporter d'éléments cachés, puisque tout est visible et évident. Dans cette optique, on cerne mieux les accusations rémanentes et stupides de complotisme, puisqu'il faut avoir l'esprit détraqué pour croire que le monde se présente dans son apparence immédiate. Le jeu est d'une hypocrisie sordide : on fait mine d'entériner cette option de l'apparence immédiate pour mieux manipuler en sous-main.
On : les manipulateurs, soit ceux qui détiennent un pouvoir inavouable d'oligarques immanentistes et qui ne savent que trop que le caractère faux et faussement rassurant de l'immanentisme leur permet au moins d'agir en toute discrétion, en travaillant dans l'ombre et les arrières-salles putrides de l'immanentisme dévoyé. C'est ainsi que l'historien lucide Tarpley explique-t-il posément au journaliste soi-disant dissident Lepers pourquoi la version officielle du 911 est une galéjade. Lepers ne cesse de le couper avec une impolitesse rare que seul un journaliste peut s'autoriser en exigeant des preuves, des preuves, encore des preuves. Harcelé, harassé, accablé, Tarpley de guerre lasse lui demande quelle est sa définition de la preuve. Réponse : selon la bonne vieille définition immanentiste, c'est le factuel, le clinquant et le visible, et c'est ainsi que le système énonce avec la plus complète hypocrisie que tout ce qui n'est pas immédiat et apparent ressortit du mensonge et de l'erreur. Voilà qui a au moins le mérite d'être clair - à défaut d'être vrai.

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