Que signifie le refus de la critique? Qu'est-ce que le scandale? Le scandale tient précisément au fait de réfuter la critique au nom de son caractère inacceptable. Mais pourquoi se scandalise-t-on? Pourquoi refuse-t-on le principe de la critique - dans certains cas ou dans tous les cas? Bien entendu, il arrive que le scandale et le refus de la critique découlent de la mauvaise foi, mais je ne pense pas que cette acception soit la plus courante.
Au contraire, je pense que la bonne foi des scandalisés est le plus souvent évidente. Elle part à mon avis d'une position assez simple à énoncer : on se scandalise quand le statut de la partie est nié pour lui imputer le statut de l'universel, mais pas de l'universel noble et positif. De l'universel en tant qu'incarnation du Mal après séparation unilatérale.
Autrement dit, le mécanisme de l'amalgame est scandaleux parce qu'il impute à toute partie un statut qui ne saurait être le sien, le statut d'universel hallucinatoire et impossible. J'appellerai désormais universel impossible cette curieuse manière de faire coïncider la partie avec le tout le plus manichéen et contradictoire, un tout qui serait en même temps seulement la moitié du tout et qui obéirait à une logique de séparation simpliste.
Autrement dit encore, on se scandalise à juste titre de l'universalisation de la partie. C'est le piège par excellence que celui par lequel on prétend expliquer l'inexplicable : l'existence de la partie et du tout, de la singularité face à l'unité. Universaliser la partie c'est ainsi nécessairement la réduire à la seule essentialisation à laquelle puisse tendre une partie, soit l'universalisation après séparation.
Car l'universalisation vient de la partie et la partie, du fait de son statut de finitude, coupe ou clive le monde en deux : entre elle et le reste du monde. La partie reproduit la coupure ontologique dans sa représentation. Rien de surprenant à ce que le scandale porte sur l'assimilation de la partie et du tout. C'est effectivement le sacrilège en tant que sacrilège, car l'assimilation de la partie et du tout revient à l'assimilation de la créature au dieu.
Mais il importe de constater que l'amalgame de la partie et du tout désigne tout aussi bien l'amalgame classique que le refus de la critique (amalgame renversé). Refuser la critique, c'est soustraire la condition de la partie à la finitude. Critiquer, au sens de juger et d'évaluer, c'est opérer l'opération de séparation propre au rapport partie/tout.
C'est dire que l'unité que pose le concept d'unité ou l'idée de Dieu (unité entre toutes les parties du réel) n'est pas identique à l'unité induite par l'universel impossible. Autrement dit, l'universel impossible se présente comme l'unité qui nie le principe de séparation, quand l'unité serait ce qui unirait en respectant le caractère omniprésent de la séparation. Amalgamer, c'est bel et bien croire que le fondement est trouvé, ce qui signifie aussi que l'unité existe indépendamment de toute séparation. Ou encore : une fois la séparation radicale et manichéenne posée.
On comprend le scandale : énoncer que l'unité existe et fait fi de la séparation après séparation radicale et unique. On se scandalise de l'erreur qui consiste à croire au mythe de l'unité, comme si les partie pouvaient se regrouper sous une unité ainsi homogène. C'est bien entendu faux et cela renvoie du réel une conception aussi utopique que dangereuse : la possibilité après séparation de distinguer entre le Bien et le Mal.
Mais c'est aussi le signe de la proximité entre l'erreur et la vérité : il est certain que la représentation illusoire de l'amalgame n'opère aussi facilement que parce qu'elle est fort proche du réel. Son erreur consiste à croire dans l'unité et à abolir la séparation, en la pratiquant une bonne fois et radicalement. Or il est impossible d'abolir la séparation et surtout il est fallacieux de représenter l'unité du point de vue de la partie. En effet, l'unité du point de vue de la partie est une unité qui abolit la séparation et qui résout le principal problème de la partie coupée du tout : restaurer cette relation aussi nécessaire que conflictuelle.
La véritable unité est celle qui tient compte de la séparation comme le donné irréfragable du réel, qui loin de nier l'unité ne fait que l'instaurer et la renforcer. Mais cette unité qui tient compte de la séparation est très proche de l'unité qui nie la séparation en ce que l'unité qui nie la séparation pose seulement comme différence ontologique que l'unité homogène et dénuée de séparation existe après séparation radicale et unique, quand l'unité véritable pose que la séparation est un processus continuel et indéfini.
Se scandaliser, c'est aussi se scandaliser de la proximité et de la parenté entre les deux conceptions de l'unité. C'est aussi comprendre que le refus de la critique comme l'amalgame classique tendent à constituer le modèle évident de l'unité impossible. Refuser la critique, c'est poser qu'il existe un fondement et une unité qui soustraient cette fameuse unité à la critique. C'est dire aussi qu'il est scandaleux de critiquer l'unité du Bien ou l'universel du Bien.
Le refus de la critique est bien l'amalgame renversé en ce qu'il est la réponse à l'amalgame classique : l'accusation a d'autant plus droit au lynchage et accès à la destruction qu'il est évident qu'elle s'attaque à l'unité du Mal par excellence. Dans le fond, ces deux amalgames participent du même amalgame en ce que le processus est le même et que les lignes ne sont pas stables. Tout dépend finalement du point de vue de la partie qui soit établit d'autres parties comme l'empire du Mal, soit s'inclut assez logiquement dans l'empire du Bien. Il est tout à fait prévisible que cette distinction demeurera identique pour la partie adverse mais qu'elle s'inversera précisément.
Ce qui compte là encore, c'est que cette réaction d'unité suppose l'unité du Bien et l'unité du Mal, ce qui est fondamentalement à révérer et fondamentalement à attaquer et accuser (pour mieux anéantir). C'est une position intenable, parce que l'unité par définition n'est pas objet d'accusation et de séparation. L'unité est ce qui transcende les séparations, soit ce qui intègre les séparations à son processus au lieu de les exclure.
Au contraire, je pense que la bonne foi des scandalisés est le plus souvent évidente. Elle part à mon avis d'une position assez simple à énoncer : on se scandalise quand le statut de la partie est nié pour lui imputer le statut de l'universel, mais pas de l'universel noble et positif. De l'universel en tant qu'incarnation du Mal après séparation unilatérale.
Autrement dit, le mécanisme de l'amalgame est scandaleux parce qu'il impute à toute partie un statut qui ne saurait être le sien, le statut d'universel hallucinatoire et impossible. J'appellerai désormais universel impossible cette curieuse manière de faire coïncider la partie avec le tout le plus manichéen et contradictoire, un tout qui serait en même temps seulement la moitié du tout et qui obéirait à une logique de séparation simpliste.
Autrement dit encore, on se scandalise à juste titre de l'universalisation de la partie. C'est le piège par excellence que celui par lequel on prétend expliquer l'inexplicable : l'existence de la partie et du tout, de la singularité face à l'unité. Universaliser la partie c'est ainsi nécessairement la réduire à la seule essentialisation à laquelle puisse tendre une partie, soit l'universalisation après séparation.
Car l'universalisation vient de la partie et la partie, du fait de son statut de finitude, coupe ou clive le monde en deux : entre elle et le reste du monde. La partie reproduit la coupure ontologique dans sa représentation. Rien de surprenant à ce que le scandale porte sur l'assimilation de la partie et du tout. C'est effectivement le sacrilège en tant que sacrilège, car l'assimilation de la partie et du tout revient à l'assimilation de la créature au dieu.
Mais il importe de constater que l'amalgame de la partie et du tout désigne tout aussi bien l'amalgame classique que le refus de la critique (amalgame renversé). Refuser la critique, c'est soustraire la condition de la partie à la finitude. Critiquer, au sens de juger et d'évaluer, c'est opérer l'opération de séparation propre au rapport partie/tout.
C'est dire que l'unité que pose le concept d'unité ou l'idée de Dieu (unité entre toutes les parties du réel) n'est pas identique à l'unité induite par l'universel impossible. Autrement dit, l'universel impossible se présente comme l'unité qui nie le principe de séparation, quand l'unité serait ce qui unirait en respectant le caractère omniprésent de la séparation. Amalgamer, c'est bel et bien croire que le fondement est trouvé, ce qui signifie aussi que l'unité existe indépendamment de toute séparation. Ou encore : une fois la séparation radicale et manichéenne posée.
On comprend le scandale : énoncer que l'unité existe et fait fi de la séparation après séparation radicale et unique. On se scandalise de l'erreur qui consiste à croire au mythe de l'unité, comme si les partie pouvaient se regrouper sous une unité ainsi homogène. C'est bien entendu faux et cela renvoie du réel une conception aussi utopique que dangereuse : la possibilité après séparation de distinguer entre le Bien et le Mal.
Mais c'est aussi le signe de la proximité entre l'erreur et la vérité : il est certain que la représentation illusoire de l'amalgame n'opère aussi facilement que parce qu'elle est fort proche du réel. Son erreur consiste à croire dans l'unité et à abolir la séparation, en la pratiquant une bonne fois et radicalement. Or il est impossible d'abolir la séparation et surtout il est fallacieux de représenter l'unité du point de vue de la partie. En effet, l'unité du point de vue de la partie est une unité qui abolit la séparation et qui résout le principal problème de la partie coupée du tout : restaurer cette relation aussi nécessaire que conflictuelle.
La véritable unité est celle qui tient compte de la séparation comme le donné irréfragable du réel, qui loin de nier l'unité ne fait que l'instaurer et la renforcer. Mais cette unité qui tient compte de la séparation est très proche de l'unité qui nie la séparation en ce que l'unité qui nie la séparation pose seulement comme différence ontologique que l'unité homogène et dénuée de séparation existe après séparation radicale et unique, quand l'unité véritable pose que la séparation est un processus continuel et indéfini.
Se scandaliser, c'est aussi se scandaliser de la proximité et de la parenté entre les deux conceptions de l'unité. C'est aussi comprendre que le refus de la critique comme l'amalgame classique tendent à constituer le modèle évident de l'unité impossible. Refuser la critique, c'est poser qu'il existe un fondement et une unité qui soustraient cette fameuse unité à la critique. C'est dire aussi qu'il est scandaleux de critiquer l'unité du Bien ou l'universel du Bien.
Le refus de la critique est bien l'amalgame renversé en ce qu'il est la réponse à l'amalgame classique : l'accusation a d'autant plus droit au lynchage et accès à la destruction qu'il est évident qu'elle s'attaque à l'unité du Mal par excellence. Dans le fond, ces deux amalgames participent du même amalgame en ce que le processus est le même et que les lignes ne sont pas stables. Tout dépend finalement du point de vue de la partie qui soit établit d'autres parties comme l'empire du Mal, soit s'inclut assez logiquement dans l'empire du Bien. Il est tout à fait prévisible que cette distinction demeurera identique pour la partie adverse mais qu'elle s'inversera précisément.
Ce qui compte là encore, c'est que cette réaction d'unité suppose l'unité du Bien et l'unité du Mal, ce qui est fondamentalement à révérer et fondamentalement à attaquer et accuser (pour mieux anéantir). C'est une position intenable, parce que l'unité par définition n'est pas objet d'accusation et de séparation. L'unité est ce qui transcende les séparations, soit ce qui intègre les séparations à son processus au lieu de les exclure.
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