J'écoute l'historien autoproclamé nietzschéen Paul Veyne. Un peu de lacanisme : la pensée de Veyne est vaine comme toute pensée sous la coupe de Nieztsche est une déveine. Tout disciple d'un génial dynamiteur de la pensée comme Nieztsche ne peut accoucher que de petits marquis terroristes à l'instar de Veyne. Terroristes au sens intellectuel, il va sans dire.
Sont-ce des terroristes parce qu'ils dynamiteraient les préjugés? Si seulement! Non, nos petits marquis sont des terroristes acoquinés avec leur triste époque parce qu'ils ont le chic pour détruire sans rien proposer en guise de reconstruction. Ainsi va Veyne le vaillant. Je l'écoute, ce grand spécialiste de Rome exposer les faits qui sont à l'origine de la chute de Rome. Il en donne trois. Je suis assez convaincu par cette érudition, mais j'attends toujours l'interprétation qui suit. Il faut bien interpréter et en ce sens l'histoire est le disciple des sciences humaines en ce qu'elle fait mine de dépasser l'interprétation sous le masque trompeur de l'objectivité factuelle et de l'analyse non essentialiste.
A ce titre, Veyne qui se veut nietzschéen n'est jamais qu'un indirect disciple d'un certain positivisme qui ne dit pas son nom et qui voudrait que l'objectivité existât. Veyne subitement s'énerve un tantinet et se dresse de toute sa grandeur d'historien contre le moralisme et l'essentialisme. Veyne est un petit descendant de Foucault, soit déjà l'affadissement postmoderne et néo-nihiliste de Nieztsche.
Et Veyne se trahit : son interprétation consiste à s'opposer à l'idée de décadence de l'Empire romain. Fort bien, écoutons. Pourquoi cette opposition? Parce que selon lui il n'y a aucune explication causale, historique et factuelle pour étayer cette thèse, qui, du coup, serait une explication essentialiste et idéaliste. Moi, j'écoute, de moins en moins convaincu, parce que je saisis bien qu'il y a toujours des causes à un fait historique et qu'au bout de tant de siècles, ces causes ne peuvent pas demeurer tout à fait invisibles et inconnues.
Mais Veyne enfonce le clou : non seulement la chute de Rome est inexplicable, mais en plus, il serait bon d'admettre que certains faits sont inexplicables définitivement et répondent au hasard. Là, je bloque, parce qu'il s'agit tout simplement d'un gros bobard mal digéré. Il s'agit surtout d'une pensée typiquement nihiliste qui ne dit qu'imparfaitement son nom et qui ne cite pas Nieztsche par hasard.
Il s'agit enfin d'un refus de l'explication en tant que l'explication pourrait sans doute apporter des éléments de compréhension au fonctionnement historique et social de l'homme. J'écoute Veyne expliquer de manière très idéologique que la chute de l'URSS était bel et bien une décadence de type économique. Notre partisan lutterait-il contre le moralisme par idéologie? Récapitulons en effet : l'URSS serait en décadence, un petite Empire d'à peine cent ans, et l'Empire romain séculaire aurait chuté de manière inexplicable?
On expliquerait un évènement récent et relativement bref (qu'est-ce que cent ans pour l'histoire? Qu'est-ce que cent ans pour Rome?) et on serait dans l'incapacité d'expliquer un évènement ancien et autrement plus important? Veyne est un idéologue qui se moque du monde et qui produit de l'idéologie nihiliste quand les faits tendent à lui donner tort. C'est ainsi que le hasard et l'incompréhensible causal sont les remparts opposés à l'interprétation historique quand cette interprétation délivre des verdicts désagréables, voire contradictoires.
C'est un peu comme les idéologues impétrants qui aujourd'hui nous serinent les oreilles avec la rengaine de la décadence française comme manque de travail, alors que les chiffres les plus officiels démontrent le contraire, en particulier vis-à-vis du Royaume-Uni (et de l'Allemagne)! Alors que faudrait-il penser de cette chute de l'Empire des empires? J'avoue que je ne suis pas assez calé pour répondre à cette question épineuse et que j'ai surtout repéré la mauvaise foi et la capitulation de la vanité intellectuelle, de la part d'un histrion fort peu historien et fort propagandiste du nihilisme tant stipendié par Nieztsche dans la mesure où il le préfigurait avec ironie et tragique.
Que Rome n'ait pas chuté par décadence, pourquoi pas, mais : pourquoi Rome a-t-elle chuté? Si c'est pour nous expliquer que sa chute est inexplicable, bien le merci! Dans ce cas, la critique du moralisme sert surtout à valider l'idée selon laquelle pour les évènements les plus importants, l'explication est un simple fantasme de l'esprit humain. Le mieux est d'accepter béatement les choses en faisant en sorte qu'on ne comprenne rien à rien. Le plus commode revient encore à sous-entendre que toute explication dérangeante serait moralisante, procéderait de la vieille rengaine de la décadence des valeurs morales et que de ce fait mieux vaut ne rien dire que d'énoncer des propos moraux ou moralistes.
Eh bien, vaille que Veyne, ce n'est pas sérieux, que de substituer aux faits historiques et aux interprétations historiennes des propos idéologiques et superfétatoires! Qu'est-ce que la décadence si elle ne repose pas sur des critères moraux et sur des explications causales? Au lieu de répondre à cette question passionnante, l'idéologue nietzschéen et nihiliste se défile et file un mauvais coton en finissant par expliquer pourquoi il n'explique pas la chute de Rome et pourquoi par contre il explique si bien la chute plus récent de Moscou : il assène sans se rendre compte qu'il divague et dit vague...
Eh oui, Veyne est peut-être spécialiste de Rome, certainement pas de l'histoire contemporaine. Sinon il n'aurait pas asséné en guise de dessert qu'il faudrait un peu plus de scepticisme dans les pays islamiques/islamistes. A ce propos, quelle est la différence entre islamiste et islamique? Surtout, propos peu courageux, cette manière de laisser entendre que les problèmes actuels du monde proviennent des pays musulmans et de leur fanatisme! Point n'est besoin de nier le fanatisme actuel en pays musulman (bien réel, mais mineur) pour réfuter que les problèmes actuels viennent de ce fanatisme. Le fanatisme musulman, problème irréfutable pour l'Islam, n'est certaienment pas le problème majeur du monde.
Il est historiquement certain que l'islamisme est une conséquence du colonialisme et que la crise islamiste renvoie en fait par projection à la crise du monde, qui est une crise mondiale, mondialiste et qui est surtout une crise de l'Occident. Cette manière que Veyne a de marcher dans la combine en faisant comme si le problème n'existait pas ou se trouvait ailleurs!
Le problème n'est pas dans l'Islam. L'Islam n'est qu'un problème superficiel. Le vers est dans l'Occident. Les Occidentaux qui veulent se voiler la face se cherchent des ennemis extérieurs. C'est ce que font les innocents occidentalistes comme Veyne qui acceptent que le monde traverse une crise (surtout pas une décadence!) à condition que ce soit de la faute des méchants islamistes, soit des autres.
Les occidentalistes un peu moins innocents (quoique...) pensent régler le problème avec des actes conséquents et visionnaires comme le 911. Soit avec des entreprises hasardeuses pour surmonter la crise et inverser le cours des choses (surtout pas de la décadence!). Mais Veyne lui-même décrypte très bien son propos en expliquant que son maître Aron, un penseur mineur pour disciples saumâtres, appelait de ses voeux la venue de sceptiques contre le fanatisme pour contrer un faux problème, la montée en puissance du marxisme d'après-guerre, notamment pour ses compagnons de route en France (Enthoven le nombriliste occidentaliste ne comprend pas que le problème est tellement plus profond que ses ratiocinations!).
Veyne de ce point de vue a bien raison sans s'en aviser : il s'agit d'un faux problème. Nous sommes pour finir d'accord! Les communistes, un faux problème; les islamistes, un faux problème. Idem. Et le vrai problème évacué en touche, l'Occident. C'est cela, la décadence : nier les vrais problèmes. C'est aussi une tactique de diversion que les musulmans connaissent bien : nier que le vrai ennemi soit intérieur et que l'ennemi extérieur soit toujours un faux problème. C'est cela, le Grand Djihad?
Sont-ce des terroristes parce qu'ils dynamiteraient les préjugés? Si seulement! Non, nos petits marquis sont des terroristes acoquinés avec leur triste époque parce qu'ils ont le chic pour détruire sans rien proposer en guise de reconstruction. Ainsi va Veyne le vaillant. Je l'écoute, ce grand spécialiste de Rome exposer les faits qui sont à l'origine de la chute de Rome. Il en donne trois. Je suis assez convaincu par cette érudition, mais j'attends toujours l'interprétation qui suit. Il faut bien interpréter et en ce sens l'histoire est le disciple des sciences humaines en ce qu'elle fait mine de dépasser l'interprétation sous le masque trompeur de l'objectivité factuelle et de l'analyse non essentialiste.
A ce titre, Veyne qui se veut nietzschéen n'est jamais qu'un indirect disciple d'un certain positivisme qui ne dit pas son nom et qui voudrait que l'objectivité existât. Veyne subitement s'énerve un tantinet et se dresse de toute sa grandeur d'historien contre le moralisme et l'essentialisme. Veyne est un petit descendant de Foucault, soit déjà l'affadissement postmoderne et néo-nihiliste de Nieztsche.
Et Veyne se trahit : son interprétation consiste à s'opposer à l'idée de décadence de l'Empire romain. Fort bien, écoutons. Pourquoi cette opposition? Parce que selon lui il n'y a aucune explication causale, historique et factuelle pour étayer cette thèse, qui, du coup, serait une explication essentialiste et idéaliste. Moi, j'écoute, de moins en moins convaincu, parce que je saisis bien qu'il y a toujours des causes à un fait historique et qu'au bout de tant de siècles, ces causes ne peuvent pas demeurer tout à fait invisibles et inconnues.
Mais Veyne enfonce le clou : non seulement la chute de Rome est inexplicable, mais en plus, il serait bon d'admettre que certains faits sont inexplicables définitivement et répondent au hasard. Là, je bloque, parce qu'il s'agit tout simplement d'un gros bobard mal digéré. Il s'agit surtout d'une pensée typiquement nihiliste qui ne dit qu'imparfaitement son nom et qui ne cite pas Nieztsche par hasard.
Il s'agit enfin d'un refus de l'explication en tant que l'explication pourrait sans doute apporter des éléments de compréhension au fonctionnement historique et social de l'homme. J'écoute Veyne expliquer de manière très idéologique que la chute de l'URSS était bel et bien une décadence de type économique. Notre partisan lutterait-il contre le moralisme par idéologie? Récapitulons en effet : l'URSS serait en décadence, un petite Empire d'à peine cent ans, et l'Empire romain séculaire aurait chuté de manière inexplicable?
On expliquerait un évènement récent et relativement bref (qu'est-ce que cent ans pour l'histoire? Qu'est-ce que cent ans pour Rome?) et on serait dans l'incapacité d'expliquer un évènement ancien et autrement plus important? Veyne est un idéologue qui se moque du monde et qui produit de l'idéologie nihiliste quand les faits tendent à lui donner tort. C'est ainsi que le hasard et l'incompréhensible causal sont les remparts opposés à l'interprétation historique quand cette interprétation délivre des verdicts désagréables, voire contradictoires.
C'est un peu comme les idéologues impétrants qui aujourd'hui nous serinent les oreilles avec la rengaine de la décadence française comme manque de travail, alors que les chiffres les plus officiels démontrent le contraire, en particulier vis-à-vis du Royaume-Uni (et de l'Allemagne)! Alors que faudrait-il penser de cette chute de l'Empire des empires? J'avoue que je ne suis pas assez calé pour répondre à cette question épineuse et que j'ai surtout repéré la mauvaise foi et la capitulation de la vanité intellectuelle, de la part d'un histrion fort peu historien et fort propagandiste du nihilisme tant stipendié par Nieztsche dans la mesure où il le préfigurait avec ironie et tragique.
Que Rome n'ait pas chuté par décadence, pourquoi pas, mais : pourquoi Rome a-t-elle chuté? Si c'est pour nous expliquer que sa chute est inexplicable, bien le merci! Dans ce cas, la critique du moralisme sert surtout à valider l'idée selon laquelle pour les évènements les plus importants, l'explication est un simple fantasme de l'esprit humain. Le mieux est d'accepter béatement les choses en faisant en sorte qu'on ne comprenne rien à rien. Le plus commode revient encore à sous-entendre que toute explication dérangeante serait moralisante, procéderait de la vieille rengaine de la décadence des valeurs morales et que de ce fait mieux vaut ne rien dire que d'énoncer des propos moraux ou moralistes.
Eh bien, vaille que Veyne, ce n'est pas sérieux, que de substituer aux faits historiques et aux interprétations historiennes des propos idéologiques et superfétatoires! Qu'est-ce que la décadence si elle ne repose pas sur des critères moraux et sur des explications causales? Au lieu de répondre à cette question passionnante, l'idéologue nietzschéen et nihiliste se défile et file un mauvais coton en finissant par expliquer pourquoi il n'explique pas la chute de Rome et pourquoi par contre il explique si bien la chute plus récent de Moscou : il assène sans se rendre compte qu'il divague et dit vague...
Eh oui, Veyne est peut-être spécialiste de Rome, certainement pas de l'histoire contemporaine. Sinon il n'aurait pas asséné en guise de dessert qu'il faudrait un peu plus de scepticisme dans les pays islamiques/islamistes. A ce propos, quelle est la différence entre islamiste et islamique? Surtout, propos peu courageux, cette manière de laisser entendre que les problèmes actuels du monde proviennent des pays musulmans et de leur fanatisme! Point n'est besoin de nier le fanatisme actuel en pays musulman (bien réel, mais mineur) pour réfuter que les problèmes actuels viennent de ce fanatisme. Le fanatisme musulman, problème irréfutable pour l'Islam, n'est certaienment pas le problème majeur du monde.
Il est historiquement certain que l'islamisme est une conséquence du colonialisme et que la crise islamiste renvoie en fait par projection à la crise du monde, qui est une crise mondiale, mondialiste et qui est surtout une crise de l'Occident. Cette manière que Veyne a de marcher dans la combine en faisant comme si le problème n'existait pas ou se trouvait ailleurs!
Le problème n'est pas dans l'Islam. L'Islam n'est qu'un problème superficiel. Le vers est dans l'Occident. Les Occidentaux qui veulent se voiler la face se cherchent des ennemis extérieurs. C'est ce que font les innocents occidentalistes comme Veyne qui acceptent que le monde traverse une crise (surtout pas une décadence!) à condition que ce soit de la faute des méchants islamistes, soit des autres.
Les occidentalistes un peu moins innocents (quoique...) pensent régler le problème avec des actes conséquents et visionnaires comme le 911. Soit avec des entreprises hasardeuses pour surmonter la crise et inverser le cours des choses (surtout pas de la décadence!). Mais Veyne lui-même décrypte très bien son propos en expliquant que son maître Aron, un penseur mineur pour disciples saumâtres, appelait de ses voeux la venue de sceptiques contre le fanatisme pour contrer un faux problème, la montée en puissance du marxisme d'après-guerre, notamment pour ses compagnons de route en France (Enthoven le nombriliste occidentaliste ne comprend pas que le problème est tellement plus profond que ses ratiocinations!).
Veyne de ce point de vue a bien raison sans s'en aviser : il s'agit d'un faux problème. Nous sommes pour finir d'accord! Les communistes, un faux problème; les islamistes, un faux problème. Idem. Et le vrai problème évacué en touche, l'Occident. C'est cela, la décadence : nier les vrais problèmes. C'est aussi une tactique de diversion que les musulmans connaissent bien : nier que le vrai ennemi soit intérieur et que l'ennemi extérieur soit toujours un faux problème. C'est cela, le Grand Djihad?
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