Dans le cadre de l'immanentisme, l'alliance entre le fondamentalisme religieux et la laïcité moderne pourrait paraître antithétique. Comment concilier en effet des formes religieuses extrémistes et une pensée qui se targue d'être sortie de la religion? Avant tout il importe de constater ici que le fondamentalisme est un mouvement religieux transversal, qui ne s'attache pas à une religion particulière.
Qu'est-ce que le fondamentalisme? Dans fondamentalisme, le plus intéressant est cette recherche des fondements. C'est bien l'entreprise à laquelle se livre la modernité hyperrationnelle que de chercher des fondements. Le fondamentalisme peut être dit mouvement religieux transversal dans la mesure où il résume une attitude commune de chercher des fondements indubitables à la pratique religieuse.
C'est la raison pour laquelle le fondamentalisme s'attache avec fermeté et précision à la pratique des rites. Chercher les fondements, c'est trouver des rites, soit exhumer des pratiques qui soient définies avec précision dans le sensible. C'est bien ce trait qui importe dans le fondamentalisme : la quête de définition sensible par le rite. Dès lors, peu importe quelle est la religion et quels sont les rites. Le fondamentalisme ne s'attache pas à une forme religieuse précise, mais traduit une aspiration du religieux en tant que mouvement humain universel.
Je connais de nombreux individus qui se targuent d'une certaine forme de supériorité dans la mesure où ils sont sortis de la religion grâce à l'exercice de leurs lumières rationnelles. Ces individus sont en général des Occidentaux attachés à la laïcité ou des occidentalistes qui partagent des valeurs communes un peu partout dans le monde. Souvent on entend des voix discordantes qui mettent en doute la supériorité de cette attitude et le vrai sens qu'elle abrite en son sein.
Il est urgent de constater que le laïc n'est pas l'opposé véritable du fondamentaliste, mais qu'une sourde réconciliation les unit tant bien que vaille. Le laïc considère le fondamentaliste comme l'expression de l'abrutissement et du fanatisme. Fidèle en cela à l'héritage des Lumières, il identifie dans le fondamentaliste l'Infâme à éliminer. C'est suite à cette tradition du libéralisme et de la laïcité démocratique qu'a pu s'épanouir l'aberrant message subliminal contenu dans la guerre contre le terrorisme : c'est bien une lutte de la civilisation laïque et libérale contre le fondamentalisme musulman qui est ici projetée.
Le fondamentalisme musulman est l'ennemi désigné en ce qu'il est précisément musulman, soit en ce qu'il est le monothéisme dégénéré et attardé qui trahit le christianisme et qui ne peut aboutir qu'à un fondamentalisme profondément retors et rétrograde. L'Occidental laïc et moderne ne considère-t-il sourdement pas que toute pensée méprisante concernant le judaïsme ressortit de l'antisémitisme, alors que cette même pensée apposée à l'étude de l'Islam n'est pas fondamentalement révoltante?
Le mépris qui entoure l'Islam n'est pas seulement un mépris découlant de l'ignorance. Le préjugé selon lequel l'Islam est une religion dégénérée et hérétique est le substrat qui contamine la laïcité occidentale et qui permet à cette dernière de triompher sur le mode : la laïcité est la sortie de la religion en ce que la sortie de la religion ne pouvait se produire qu'à partir de la forme supérieure de religion, du christianisme évoluée et subtil (on peut dès lors y adjoindre le judaïsme comme ancêtre du christianisme et évoquer les chrétiens sionistes comme réconciliation improbable et atterrante de ce modèle).
Tandis que l'Islam interdit la sortie de la religion en tant que religion et que le fondamentalisme n'est jamais que la dégénérescence prévisible d'une religion elle-même dégénérée, il faut bien comprendre que le laïc se considère comme participant d'un mouvement de pensée supérieur et radicalement divergent du fondamentalisme. Sans doute un jour associera-t-on couramment le laïc et le fondamentaliste, bien que les deux s'étrangleraient de cette parenté contre-nature.
Qu'est-ce pourtant qu'un laïc sinon un individu qui se croit supérieur parce qu'il possède les fondements? Alors ce fondamentaliste à l'oeuvre dans la laïcité n'est jamais qu'un fondamentaliste qui se prétend cette fois achevé, mais c'est le propre de tous les fanatismes que de se croire supérieurs. Sinon le fondamentaliste ne serait pas fondamentaliste!
Dans le registre des correspondances, ce n'est pas tout : le fondamentaliste est en quête de fondements dans la mesure où il prétend suivre scrupuleusement des commandements rituels. De ce point de vue, la certitude du fondamentaliste s'appuie sur le besoin de définir un donné objectif et stable. Le fondamentaliste est extrémiste en ce qu'il a besoin urgent et impérieux de commandements clairs et définis pour mener à bien son entreprise religieuse.
Le fondamentaliste a le besoin d'envisager la question religieuse sous l'angle prépondérant et primordial du rituel, soit du commandement donné et défini. Le fondamentaliste réduit son besoin spirituel à la pratique la plus sensible par exigence de définition claire. De ce point de vue, tous les fondamentalistes se ressemblent et partagent ce souci du rituel.
Le plus intéressant ne tient pas à la communauté des fondamentalistes, mais à l'identité scandaleuse entre ces fondamentalistes ultrareligieux et ces laïcs méprisant la religion ou considérant l'avoir dépassée une bonne fois pour toutes. J'ai déjà eu l'occasion de noter que l'expression de la sortie de la religion signifiait en fait la religion masquée de la sortie de la religion.
De ce point de vue, la sortie de la religion est le slogan de l'immanentisme. Mais il serait erroné de penser que la sortie de la religion est incompatible avec le fondamentalisme religieux. Au contraire, ce sont deux formes de religion connexes et voisines. Qu'est-ce que l'état laïc, sinon l'idée que la Raison est capable d'agencer le monde selon les normes d'un donné rationnel et défini? Une fois que l'on constate cette évidence, la parenté entre le fondamentalisme et la laïcité coule de source.
Tous les deux en fait communient dans ce besoin de définir le réel de manière finie et stable. Peu importe que ce soit la Raison ou le divin religieux qui aient la charge de définir de manière stable le fondement. Dès lors, il est capital et opportun de comprendre que l'immanentisme n'est pas seulement la laïcité comme dépassement du religieux. L'immanentisme est le religieux niant el religieux, qui affirme haut et fort que le réel est définissable en tant que donné fini.
Ce religieux réunit en son sein les deux frères ennemis, qui sont ennemis parce que frères : la sortie de la religion et le fondamentalisme. C'est dire que l'immanentisme réunit en son sein de manière paradoxale ces deux mouvements contraires, dans la mesure où ces deux mouvements sont en fait complémentaires et se réclament l'un et l'autre du donné sensible et défini.
Quand on évoque l'immanentisme, on a du mal à comprendre que des mouvements fondamentalistes puissent côtoyer en leur sein des mouvements progressistes de la rationalité comme la laïcité. Traditionnellement, on identifie la laïcité comme étant précisément le strict opposé et l'adversaire du fondamentalisme. Le progressisme éclairé versus l'obscurantisme délétère.
En fait, ces deux mouvements sont des jumeaux qui célèbrent tous deux les vertus de l'immanentisme. Il reste à intégrer ce schéma selon lequel l'immanentisme n'est certainement pas incompréhensible ou seulement composé de l'immanentisme explicite qu'est la laïcité. L'immanentisme est un mouvement qui précède de très loin la laïcité puisqu'il a toujours existé depuis que les hommes existent.
Simplement, l'immanentisme a toujours été dominé jusqu'à présent par le transcendantalisme. Aujourd'hui qu'il domine à son tour et que le transcendantalisme est moribond, il est très mal compris parce que les gens identifient l'immanentisme au progressisme rationnel. Ce n'est pas le cas. L'immanentisme est à rapporter à la soif déraisonnable de définir le réel.
Dans cette acception, on comprend l'immanentisme quand on associe le fondamentalisme au progressisme de la sortie de la religion. Comprendre l'immanentisme : cette tâche est capitale car on se rendra compte plus tard qu'en dépassant le transcendantalisme, ces excès et ces inconvénients indubitables, par l'immanentisme, on n'a fait qu'empirer les choses.
Qu'est-ce que le fondamentalisme? Dans fondamentalisme, le plus intéressant est cette recherche des fondements. C'est bien l'entreprise à laquelle se livre la modernité hyperrationnelle que de chercher des fondements. Le fondamentalisme peut être dit mouvement religieux transversal dans la mesure où il résume une attitude commune de chercher des fondements indubitables à la pratique religieuse.
C'est la raison pour laquelle le fondamentalisme s'attache avec fermeté et précision à la pratique des rites. Chercher les fondements, c'est trouver des rites, soit exhumer des pratiques qui soient définies avec précision dans le sensible. C'est bien ce trait qui importe dans le fondamentalisme : la quête de définition sensible par le rite. Dès lors, peu importe quelle est la religion et quels sont les rites. Le fondamentalisme ne s'attache pas à une forme religieuse précise, mais traduit une aspiration du religieux en tant que mouvement humain universel.
Je connais de nombreux individus qui se targuent d'une certaine forme de supériorité dans la mesure où ils sont sortis de la religion grâce à l'exercice de leurs lumières rationnelles. Ces individus sont en général des Occidentaux attachés à la laïcité ou des occidentalistes qui partagent des valeurs communes un peu partout dans le monde. Souvent on entend des voix discordantes qui mettent en doute la supériorité de cette attitude et le vrai sens qu'elle abrite en son sein.
Il est urgent de constater que le laïc n'est pas l'opposé véritable du fondamentaliste, mais qu'une sourde réconciliation les unit tant bien que vaille. Le laïc considère le fondamentaliste comme l'expression de l'abrutissement et du fanatisme. Fidèle en cela à l'héritage des Lumières, il identifie dans le fondamentaliste l'Infâme à éliminer. C'est suite à cette tradition du libéralisme et de la laïcité démocratique qu'a pu s'épanouir l'aberrant message subliminal contenu dans la guerre contre le terrorisme : c'est bien une lutte de la civilisation laïque et libérale contre le fondamentalisme musulman qui est ici projetée.
Le fondamentalisme musulman est l'ennemi désigné en ce qu'il est précisément musulman, soit en ce qu'il est le monothéisme dégénéré et attardé qui trahit le christianisme et qui ne peut aboutir qu'à un fondamentalisme profondément retors et rétrograde. L'Occidental laïc et moderne ne considère-t-il sourdement pas que toute pensée méprisante concernant le judaïsme ressortit de l'antisémitisme, alors que cette même pensée apposée à l'étude de l'Islam n'est pas fondamentalement révoltante?
Le mépris qui entoure l'Islam n'est pas seulement un mépris découlant de l'ignorance. Le préjugé selon lequel l'Islam est une religion dégénérée et hérétique est le substrat qui contamine la laïcité occidentale et qui permet à cette dernière de triompher sur le mode : la laïcité est la sortie de la religion en ce que la sortie de la religion ne pouvait se produire qu'à partir de la forme supérieure de religion, du christianisme évoluée et subtil (on peut dès lors y adjoindre le judaïsme comme ancêtre du christianisme et évoquer les chrétiens sionistes comme réconciliation improbable et atterrante de ce modèle).
Tandis que l'Islam interdit la sortie de la religion en tant que religion et que le fondamentalisme n'est jamais que la dégénérescence prévisible d'une religion elle-même dégénérée, il faut bien comprendre que le laïc se considère comme participant d'un mouvement de pensée supérieur et radicalement divergent du fondamentalisme. Sans doute un jour associera-t-on couramment le laïc et le fondamentaliste, bien que les deux s'étrangleraient de cette parenté contre-nature.
Qu'est-ce pourtant qu'un laïc sinon un individu qui se croit supérieur parce qu'il possède les fondements? Alors ce fondamentaliste à l'oeuvre dans la laïcité n'est jamais qu'un fondamentaliste qui se prétend cette fois achevé, mais c'est le propre de tous les fanatismes que de se croire supérieurs. Sinon le fondamentaliste ne serait pas fondamentaliste!
Dans le registre des correspondances, ce n'est pas tout : le fondamentaliste est en quête de fondements dans la mesure où il prétend suivre scrupuleusement des commandements rituels. De ce point de vue, la certitude du fondamentaliste s'appuie sur le besoin de définir un donné objectif et stable. Le fondamentaliste est extrémiste en ce qu'il a besoin urgent et impérieux de commandements clairs et définis pour mener à bien son entreprise religieuse.
Le fondamentaliste a le besoin d'envisager la question religieuse sous l'angle prépondérant et primordial du rituel, soit du commandement donné et défini. Le fondamentaliste réduit son besoin spirituel à la pratique la plus sensible par exigence de définition claire. De ce point de vue, tous les fondamentalistes se ressemblent et partagent ce souci du rituel.
Le plus intéressant ne tient pas à la communauté des fondamentalistes, mais à l'identité scandaleuse entre ces fondamentalistes ultrareligieux et ces laïcs méprisant la religion ou considérant l'avoir dépassée une bonne fois pour toutes. J'ai déjà eu l'occasion de noter que l'expression de la sortie de la religion signifiait en fait la religion masquée de la sortie de la religion.
De ce point de vue, la sortie de la religion est le slogan de l'immanentisme. Mais il serait erroné de penser que la sortie de la religion est incompatible avec le fondamentalisme religieux. Au contraire, ce sont deux formes de religion connexes et voisines. Qu'est-ce que l'état laïc, sinon l'idée que la Raison est capable d'agencer le monde selon les normes d'un donné rationnel et défini? Une fois que l'on constate cette évidence, la parenté entre le fondamentalisme et la laïcité coule de source.
Tous les deux en fait communient dans ce besoin de définir le réel de manière finie et stable. Peu importe que ce soit la Raison ou le divin religieux qui aient la charge de définir de manière stable le fondement. Dès lors, il est capital et opportun de comprendre que l'immanentisme n'est pas seulement la laïcité comme dépassement du religieux. L'immanentisme est le religieux niant el religieux, qui affirme haut et fort que le réel est définissable en tant que donné fini.
Ce religieux réunit en son sein les deux frères ennemis, qui sont ennemis parce que frères : la sortie de la religion et le fondamentalisme. C'est dire que l'immanentisme réunit en son sein de manière paradoxale ces deux mouvements contraires, dans la mesure où ces deux mouvements sont en fait complémentaires et se réclament l'un et l'autre du donné sensible et défini.
Quand on évoque l'immanentisme, on a du mal à comprendre que des mouvements fondamentalistes puissent côtoyer en leur sein des mouvements progressistes de la rationalité comme la laïcité. Traditionnellement, on identifie la laïcité comme étant précisément le strict opposé et l'adversaire du fondamentalisme. Le progressisme éclairé versus l'obscurantisme délétère.
En fait, ces deux mouvements sont des jumeaux qui célèbrent tous deux les vertus de l'immanentisme. Il reste à intégrer ce schéma selon lequel l'immanentisme n'est certainement pas incompréhensible ou seulement composé de l'immanentisme explicite qu'est la laïcité. L'immanentisme est un mouvement qui précède de très loin la laïcité puisqu'il a toujours existé depuis que les hommes existent.
Simplement, l'immanentisme a toujours été dominé jusqu'à présent par le transcendantalisme. Aujourd'hui qu'il domine à son tour et que le transcendantalisme est moribond, il est très mal compris parce que les gens identifient l'immanentisme au progressisme rationnel. Ce n'est pas le cas. L'immanentisme est à rapporter à la soif déraisonnable de définir le réel.
Dans cette acception, on comprend l'immanentisme quand on associe le fondamentalisme au progressisme de la sortie de la religion. Comprendre l'immanentisme : cette tâche est capitale car on se rendra compte plus tard qu'en dépassant le transcendantalisme, ces excès et ces inconvénients indubitables, par l'immanentisme, on n'a fait qu'empirer les choses.
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