lundi 19 mai 2008

Juifs et immanentistes

Le mythe du Juif responsable de tous les maux sur Terre s'enrichit d'une mystique connexe, largement tributaire d'ailleurs des soutiens au sionisme aveugle, c'est-à-dire le sionisme le plus radical et malheureusement le plus actif : le mythe d'Israël. L'Alliance entre les Juifs et Israël est si obvie qu'elle devient l'explication à tous les problèmes. En particulier, elle explique le problème du 911.
Les gens ne sont pas stupides : pas besoin de suivre les cours de Harvard ou de l'ENA pour comprendre que le 911 n'est pas un attentat certes dévastateur, mais sans conséquence réelle sur l'avenir de troisième millénaire, de l'Occident ou de l'homme. Au contraire, les gens ont bien compris que l'effondrement des tours le 911 signalait l'effondrement de la mondialisation comme expression et paradigme quasi métonymique de l'occidentalisme.
Pareillement, les gens ont bien compris de par le monde que les attentats n'étaient pas l'oeuvre de 19 Arabes aussi sardoniques que parfaitement illuminés. De ce point de vue, les illettrés ou analphabètes du Maroc ou d'Irak comprennent mieux le fond des choses que les bobos diplômés d'Occident. Qui a accès au réel? C'est aux Occidentaux de comprendre quelle est vraiment leur civilisation; pas aux populations cataloguées Tiers-monde, soit aux sous-hommes implicites qui sont censés bénéficier des relais de la Civilisation et que l'on finira bien par sauver malgré eux.
Dans ce cadre, les rumeurs mondiales sur l'implication des Juifs, des Israéliens et du Mossad dans le 911 sont si importantes qu'elles sont largement sous-estimées dans les fadaises occidentalistes. Pendant que certains intellectuels, par ailleurs très estimables, essaient d'expliquer que le 911 relevaient de la faction en place derrière l'ineffable Cheney, les peuples sans se concerter se sont rendus compte que Cheney n'était lui aussi qu'un lampiste. Certes, on ne peut que donner raison sur un point à ces avis souvent convergents et tranchés : ce n'est pas rendre service aux Israéliens que de cacher leurs responsabilités institutionnelles dans le 911.
Ce n'est pas en allumant un cont(r)e-feu que l'on éteindra le vrai feu. Pis, pendant que le cont(r)e-feu joue son rôle d'alibi et de dérivatif plaisant, de diversion fantasmatique et vaine, le feu brûle de plus belle. Si bien que ceux qui lancent des cont(r)e-feux et des diversions sont en fait les meilleurs protecteurs du feu qu'ils prétendent circonvenir. Il faudrait y réfléchir avant de dénoncer Cheney et sa faction comme les instigateurs ultimes du 911.
Les peuples du monde y regardent de plus près et se récrient : et les Israéliens? Cheney est-il le maître des Israéliens? Dès lors, non seulement la théorie de la responsabilité de Cheney s'effondre, mais elle s'effondre en libérant une vérité rance : si l'on dénonce Cheney comme le responsable symbolique et ultime, c'est que les Juifs sont vraiment coupables et que la diversion est dans la personne de Cheney.
Du coup, la rumeur enfle : le 911 émane des Juifs bien au-delà des Israéliens; des Juifs qui sont maîtres de la finance, de la banque et des médias; des Juifs qui sont les maîtres de ce monde! Les Juifs occupent ainsi la place de responsables ultimes dans la chaîne des responsabilités et toutes les décisions leur sont imputables, singulièrement quand ces décisions sont néfastes et/ou critiquables.
C'est ici qu'il faut intervenir et mettre en garde contre le processus prévisible d'amalgame : avant que l'amalgame ne dégénère en lynchage et autres réactions de vengeance incontrôlée et incontrôlable, il est urgent de comprendre que l'amalgame exprime une confusion fondée sur des faits aussi véridiques qu'occultés. Il serait temps d'avoir le courage d'admettre que les Juifs et/ou les Israéliens ont occupé un rôle primordial dans le 911 et que ces mêmes Israéliens ou Juifs coupables sont souvent très bien placés dans les cercles de la finance, de la banque et des médias. Pourquoi?
Commençons par noter que le déni conduit au lynchage et que le lynchage est un acte inqualifiable et monstrueux. Entre ceux deux extrêmes, peut-on postuler à une conduite réaliste et modérée, qui consiste à examiner les faits et à formuler des hypothèses désamalgamantes et critiques? C'est pourtant possible, avec un peu de nuance et de tolérance.
L'argument qui consiste à dénier la responsabilité institutionnelle des Israéliens ne tient pas la route. Au contraire, les Israéliens sont responsables de leurs actes institutionnels, comme les Français le furent au moment du tragique Rainbow Warrior. Que je sache, l'insigne majorité des Français n'était pas responsable à titre personnel de l'acte de sabotage. C'est la même chose pour les Israéliens.
Il faut poursuivre au nom de l'honnêteté et de la vérité : les responsabilités ne s'arrêtent pas aux institutions israéliennes. Si l'on veut vraiment éteindre le feu antisémite qui sourd en ce moment et ne va pas manquer de se propager comme une traînée de poudre dans les décennies à venir, il faut impérativement admettre que les communautés juives sont responsables des dérives de certaines de leurs factions au nom de la responsabilité communautaire.
Après tout, quand des désaxés agissent au nom de l'Islam, les musulmans en pâtissent. Objectera-t-on que 99,9 % des musulmans sont objectivement des croyants resspectables et respectueux, qui n'ont rien à voir avec le terrorisme et la violence dans le monde? Ce serait pourtant irréfutable. Non, quand un musulman égorge au nom de l'Islam sa femme ou sa soeur (exemple caricatural, qui malheureusement est survenu), c'est la responsabilité de toute la communauté religieuse qui est engagée.
Pourquoi cette règle de la responsabilité collective ne s'appliquerait-elle plus aux Juifs? Au nom de la Shoah? C'est une absurdité, car précisément c'est le sentiment d'impunité et d'injustice qui contribue vraiment à aviver les émois antisémites. D'autre part, il ne s'agit pas dans le principe de responsabilité de lyncher, mais de juger équitablement. Si les responsables juifs et/ou israéliens impliqués dans le 911 sont accusés à tort, eh bien, un jugement équitable les dédouanera, avec toutes les pièces irréfutables au dossier.
S'ils sont coupables, il ne s'agit pas de les brûler ou de les supplicier, mais de les condamner selon la législation en vigueur dans les pays démocratiques occidentaux, soit selon la législation américaine., qui est une législation profondément libérale (dans le sens authentique du terme). Je ne demande pas que ces responsables subissent le même sort que le vaillant et criminel Saddam Hussein a encouru (de la part des alliés des Américains en terre irakienne). Je demande qu'ils soient jugés équitablement.
Et j'affirme haut et fort que c'est à partir de cette reconnaissance et de cette responsabilisation que l'on en viendra à poser les vrais problèmes concernant les Juifs et concernant l'antisémitisme. Or si l'on pose à plat les problèmes, l'on relève deux évidences incontournables touchant au principe de responsabilité :
1) les institutions israéliennes sont bel et bien responsables (reste à déterminer lesquelles exactement et dans quelle mesure judiciairement);
2) ce sont des factions juives qui sont impliquées dans le 911 de manière transversale et transnationale - pas seulement des institutions israéliennes. S'arrêter aux institutions israéliennes comme le Mossad, c'est oublier le lien profond qui unit les institutions israéliennes avec les communautés juives anglo-saxonnes, soit avec les Juifs d'Amérique et de Grande-Bretagne.
On peut en outre caractériser ces factions comme radicales, fondamentalistes et profondément opportunistes. Le 911 est le signe de ce fondamentalisme et de cet opportunisme. Dès lors, l'on peut, en même temps que l'on reconnaît l'implication et la responsabilité de ces factions juives et des institutions israéliennes, désamalgamer et dégonfler la baudruche antisémite en distinguant nettement et fermement entre les responsables juifs et les Juifs. Il y a matière à distinguer.
On se souvient que dans la Bible il est demandé à Yahvé de sauver les justes et les innocents qui sont dans Sodome et Gomorrhe, avant que le châtiment ne vienne anéantir ces deux cités maudites. Le décompte est terrible : quand bien même il n'y aurait que dix justes, le Seigneur sauverait-il ces Justes - sans quoi il se montrerait injuste et ne serait plus le Tout-puissant? Mais quand bien même il n'y aurait qu'un juste, il faudrait le sauver de l'opprobre et de l'injustice!
Alors il est évident qu'il faut distinguer entre 99,9% des Juifs, communautés de par le monde ou Israéliens, et les factieux inscrits dans le complot du 911. Les premiers ne doivent certainement pas être poursuivis, quand les seconds doivent être punis avec sévérité et justice/justesse. Cependant, le vrai problème de la responsabilité ne tient pas dans ce distinguo nécessaire et instructif, établissant la différence entre communauté, peuple, institution, État et - faction.
Il est évident que le 911 chamboule le principe de responsabilité et d'identité, puisqu'il force à reconnaître que les anciennes responsabilités et identités sont caduques, quand les responsabilités véritables en sont pas reconnues et demeurent de ce fait impunies. L'urgent est de comprendre que le 911 renvoie aux Juifs et que la responsabilité des Juifs ne saurait être déniée au nom de la Shoah ou autres prétextes incohérents.
Il reste alors à établir le lien entre les factions juives radicales et fondamentalistes et l'univers de la grande banque. A chaque fois que l'on niera ce lien au nom de l'antisémitisme, on ne fera que nier la vérité. Il sera toujours temps par la suite d'expliquer historiquement et sociologiquement le lien entre la grande banque et certains cercles d'obédience juive, mais il est certain qu'il est totalement différent d'affirmer selon le principe de réalité que certaines factions juives sont liées au monde de la finance et d'autre part que tous les Juifs sont liés à la grande banque.
La première affirmation est seulement lucide, quand la seconde relève de la généralisation abusive et amalgamante - de l'antisémitisme indubitable. Revenons à cette hypothèse raisonnable et nuancée et comprenons que le fait de relever au nom des faits les liens entre la haute finance internationale et certaines factions juives ne signifie pas non plus que tous les grands banquiers et financiers internationaux sont des Juifs - simplement de constater que des factions estampillées juives sont impliquées dans ces engagements.
Dès lors, le lien des Juifs avec le 911 ne se trouve concerner ni les institutions israéliennes en tant qu'institutions, ni les Juifs en tant que Juifs. Par contre, les faits renvoient à certaines factions juives. Le nier reviendrait à attiser l'antisémitisme, outre le fait qu'il s'agit d'un déni du réel et d'un acte de malhonnêteté caractérisée.
Comprenons que ce qui égare la plupart des commentateurs du grand public, soit des commentateurs honnêtes qui ne se laissent pas abuser par la propagande élitiste des médias labellisés et contrôlés par la grande finance, c'est le lien entre cette fameuse haute finance et les Juifs. Le fait de retrouver un grand nombre de Juifs dans ce milieu autorisé (que l'on se souvienne de ce que le regretté Coluche disait des milieux autorisés...) égare le grand public et peut conduire vers des généralisations hâtives.
Pourtant, que l'on se pose la question suivante : la présence prépondérante de Juifs dans la grande banque et la haute finance indique-t-elle que tous les Juifs sont présents dans la haute finance ou que seulement certaines factions juives sont présentes dans la haute finance? Car la considération de la deuxième réponse interdit l'antisémitisme. Ce n'est plus du fait de la culture juive que les Juifs se retrouvent dans la haute finance, mais du fait d'appartenances à certaines factions juives, factions radicales et fondamentalistes.
Ce n'est plus le judaïsme qui explique cette présence si insinuée et décriée dans la haute banque, mais le point commun entre ce milieu et le judaïsme fondamentaliste. Et l'on retrouve alors les valeurs de l'immanentisme, qui absorbent le fondamentalisme juif, mais qui ne sont pas restrictives au fondamentalisme juif. En regardant qui sont ces grands banquiers et hauts financiers, on se rend compte que les valeurs qu'ils représentent ne sont certainement pas des valeurs juives, mais des valeurs immanentistes.
Il est certain que la convergence de l'immanentisme et du judaïsme fondamentaliste ne repose pas sur le hasard, mais sur des points communs. Mais il est tout aussi certain que l'immanentisme s'épanouit dans le fondamentalisme. Il est vital pour comprendre le monde et son fonctionnement de comprendre que ce n'est pas le judaïsme qui est l'explication ultime au fonctionnement des banquiers, des financiers et aux implications dans le 911.
A la limite, le judaïsme peut constituer une clé d'introduction pertinente, à condition que l'on émette rapidement des nuances et des délimitations. Répéter que l'implication concerne certaines factions juives fondamentalistes et que leur convergence avec les autres cénacles de la haute finance et de la grande banque n'est pas le judaïsme, mais des valeurs communes immanentistes.
Dès lors, il faut expliquer aux masses critiques que c'est se leurrer que de désigner à la vindicte populaire les Juifs derrière le 911. Ce que démontre le 911, c'est que le système est si mal que ses vrais maîtres-d'oeuvre sont sortis par obligation de leur ombre protectrice. Ils ont montré le bout de leur nez et la pointe de leur museau est à n'en pas douter immanentiste. Il n'est ni juif, ni Israélien. Au contraire, les immanentistes recrutent d'autant plus dans les factions du judaïsme fondamentaliste qu'ils sont les vrais ennemis du judaïsme et d'Israël. Nous y reviendrons sans doute.
Alors, le 911 montre-t-il que le système est piraté par les Juifs ou les Israéliens? Non, le 911 montre que les immanentistes piratent le système et que de ce fait ils ont investi les places fortes de l'immanentisme. Parmi ces places fortes se trouvent certains points des communautés juives, notamment d'Occident, en particulier de Grande-Bretagne et des États-Unis et Israël en tant qu'Etat explicitement juif.
Telle est l'implication qui égare et conduit à l'antisémitisme : la position éminent des Juifs dans les cercles immanentistes. Mais il faut plutôt se dire : en démontrant les implications conjointes et quasi tripartites des États-Unis, d'Israël et du Royaume-Uni, le 911 montre que des factions convergentes à l'intérieur de ces pays agissent et que ces factions ne sont pas fondamentalement sionistes, juives ou pro-israéliennes. Elles le sont par certains aspects et à certains égards, mais elles ne le sont pas de manière ultime.
Elles sont ainsi pro-israéliennes, comme les néoconservateurs sont pro-israéliens : parce qu'ils sont mus par l'immanentisme, et que l'immanentisme a intérêt à promouvoir Israël et les valeurs sionistes. Pas parce que ces élites occidentalistes seraient au fond des Juifs. Pourquoi le monde est-il ainsi visiblement dominé par certaines élites juives qui opèrent entre le Royaume-Uni, les États-Unis et Israël, pas seulement - principalement?
Parce que ces lieux sont les points chauds de la haute finance et de la grande banque. Ils sont les lieux où s'épanouissent l'immanentisme. Expliquer l'homogénéité et le lien entre tous ces endroits et ces actions par le judaïsme, c'est en pouvoir expliquer les membres non-juifs nombreux et dans le même temps ne pouvoir expliquer la non implication de l'insigne majorité des Juifs.
Par contre, l'explication devient possible avec l'immanentisme et ses valeurs spécifiques. Qui a les moyens de manipuler conjointement les Anglo-Saxons et les Juifs? Comment se fait-il que les Juifs et les Anglo-Saxons aient opéré cette alliance surprenante nouée autour des valeurs financières, soit des valeurs économiques très particulières, à tel point que même les économistes libéraux et capitalistes dénoncent la mutation du libéralisme et du capitalisme?
A ces questions, l'on ne peut répondre de manière globale et satisfaisante en s'arrêtant à la responsabilité juive. Il faut comprendre qu'il existe une réalité derrière cette alliance anglo-saxonne/juive et que ce mélange intime débouche sur l'immanentisme. Avec l'immanentisme, on détient l'idée qui permet de démêler tous les fils, de comprendre que l'identité des factions ne découle pas d'identités communautaires ou étatiques, populaires ou nationales, soit d'identités classiques et dûment répertoriées.
Par pitié, oublions les Juifs, de la même manière qu'il est inepte d'incriminer les musulmans ou les Arabes en tant que tels. Le problème de l'amalgame est identique entre ces frères ennemis : il est aussi aberrant de proférer à partir de la version officielle que les Arabes sont responsables du 911 que d'énoncer que les Juifs sont les instigateurs du complot. Il faudrait avancer que ce sont des factions arabes qui sont incriminées et il faut seulement comprendre que des factions juives sont derrière ces factions arabes. Mais toutes ces identités ne sont pas satisfaisantes.
Les Arabes ne sont pas responsables du 911; les Juifs, pas davantage. Comprenons que la réalité du monde, qui laisse apparaître l'implication institutionnelle d'Anglo-Saxons juifs et/ou protestants et d'Israéliens, n'est compréhensible que si l'on prend en compte la mutation de l'identité et du principe de responsabilité classiques. Désormais, l'identité dominante est factionnelle et opère depuis le ventre des institutions, des États et des communautés (qui deviennent par le fait des pantins ventriloques).
Autant je suis certain que nos amis peuples du monde ont compris le mensonge du 911 et l'importance systémique de ce mensonge, autant je suis persuadé que les rumeurs qui incriminent les Juifs et/ou les Américains passent à côté de la mutation capitale de la nouvelle identité factionnelle. En incriminant les Juifs ou les Américains, on incrimine encore des communautés ou des États - et l'on commet un contresens.
On prouve que l'on réfléchit encore de manière classique. Rompons avec ce schéma classique et comprenons que la modernité a muté et que le mode de réflexion classique n'est valide et valable que s'il intègre la mutation de la fine pointe moderne, que d'aucuns ont baptisé avec une certaine imprécision postmoderne, et s'il reconnaît l'immanentisme.

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