jeudi 1 mai 2008

Les vrais ennemis sont toujours intérieurs

Il serait temps que les Juifs du monde entier se rendent compte que les plus extrémistes et les plus actifs de leur communauté n'échappent pas à la règle générale universelle selon laquelle les extrémistes sont les principaux ennemis des causes qu'ils prétendent défendre. C'est vrai des islamistes par rapport à l'Islam. C'est vrai des intégristes catholiques par rapport au catholicisme. C'est vrai des fondamentalistes protestants, en particulier de l'ineffable christianisme sioniste (d'ailleurs fermement condamné par les théologiens et les dignitaires catholiques et maronites).
Pourquoi ce fait universel en matière de religieux ne serait-il pas valable pour le judaïsme? A cause de la Shoah? On voit mal pourquoi l'épisode de la Shoah devrait changer les conditions d'élaboration du judaïsme. A vrai dire, le raisonnement qui consiste à interdire toute critique contre les Juifs au nom de la Shoah résulte de l'amalgame le plus grossier. Son efficacité immédiate n'est possible que parce qu'il est assuré de la ruine et du discrédit sur le terme.
Refuser la critique au nom de l'amalgame critique, c'est ruiner sur le terme la représentation du judaïsme en termes de tolérance. C'est réduire la richesse des cultures juives et des formes de religion juive à ses manifestations les plus extrémistes. Ce fait est si important qu'il est systématiquement occulté, insulté, dénié.
On comprend pourquoi quand on mesure qui a intérêt à empêcher la critique et la prise de conscience. Combien de temps faudra-t-il au peuple juif, appellation impropre tant elle recoupe de différences, de nuances et de distinctions, singulièrement à ses factions majoritaires et modérées, pour comprendre que sa soumission aux incarnations les plus dures du judaïsme constitue le vrai noyau du problème juif, je veux dire : le problème qui nuit vraiment au judaïsme et ruine sa réputation?
Au lieu de se disperser en alibis et boucs émissaires disparates et divers quant à l'identité de l'ennemi extérieur, il serait temps que les Juifs comprennent que leur réputation est sapée et entachée durablement par les agissements des extrémistes minoritaires et actifs, qui discréditent ses rangs en prétendant les servir. Il est invraisemblable que l'identification de l'ennemi véritable obéisse ainsi à une hallucination qui consiste à confondre l'extérieur et l'intérieur.
L'ennemi extérieur est après tout le plus faible. Surtout il est relié au véritable ennemi qui est intérieur. Que les Juifs cessent de se voiler la face et qu'ils regardent en face l'identité de leur ennemi. Sans quoi ils se détruiront auprès des témoins du monde et ils terniront leur réputation. Pourquoi faudrait-il en effet que les hommes supportent toutes les actions du judaïsme au nom de la Shoah, alors qu'il est gouverné si visiblement et si explicitement par des groupes fondamentalistes qui manipulent les intérêts véritables du peuple juif pour ne suivre en fait que leurs seuls intérêts privés?
Pourquoi faudrait-il que les Juifs se laissent manipuler par les objectifs de ces extrémistes qui ne servent certainement pas la cause juive, la cause sioniste et la cause israélienne, mais en sont les plus redoutables ennemis? C'est un paradoxe absurde et infect, qui mérite la colère et la révolte en premier lieu dans les rangs juifs, puisque les ennemis profonds du judaïsme sont les extrémistes juifs. Mais cette colère peut s'amplifier et gagner les rangs sionistes, puisque les premiers ennemis du sionisme sont les sionistes extrémistes. Enfin, cette colère trouve son unité et sa cohérence quand on s'avise que les plus redoutables ennemis d'Israël sont les ultranationalistes israéliens.
En fait, il est évident que les vrais ennemis du judaïsme sont les mêmes groupes que les vrais ennemis de l'Amérique. Et quand on voit la liste de ces individus soupçonnés d'influences hasardeuses, voire destructrices, on se dit que le danger véritable et capital est dénié dans la mesure où l'on préfère ne pas le considérer. Il serait faux de croire que les sionistes fondamentalistes ne constituent pas la principale menace contre la pérennité de l'État d'Israël. Mais il est encore plus faux et fourbe de laisser entendre que les agents les plus actifs de ces circuits très activistes et nocifs n'ont qu'une portée fort limitée, mineure et relative. Malheureusement, ces groupes activistes du sionisme fondamentaliste occupent un rôle prépondérant dans les choix de la politique étrangère occidentale, spécifiquement américaine, et il serait bon de revisiter le 911, ses causes et ses conséquences, à l'aune d'une remarque si étayée jusque dans ses moindres détails.

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